Base et Mobistar ont porté plainte contre Belgacom auprès de la Commission
Se disant dans l'incapacité de lancer des offres triple play compétitives, Base et Mobistar ont déposé une plainte contre Belgacom auprès des autorités européennes de la concurrence en avril dernier. Selon eux, la Commission prend le dossier très au sérieux, car elle s'inquiète du faible niveau de concurrence sur le marché belge de l'Internet.
Après avoir déjà poursuivi Proximus pour abus de position dominante dans le domaine de la téléphonie mobile, ce qui a notamment débouché voici quelques mois sur une amende historique de 66,3 millions d'euros infligée par le Conseil de la concurrence à la filiale de Belgacom, Base s'est allié à Mobistar pour démarrer une nouvelle bataille juridique contre Belgacom. Dans le domaine de l'Internet, cette fois.
Si les premiers éléments du dossier ont été communiqués par les deux opérateurs à la Commission dès le mois d'octobre 2008, la plainte officielle de Base et Mobistar a été déposée au mois d'avril dernier.
Base : «Belgacom, au plan opérationnel, joue l'obstruction pour faire passer un client de Belgacom à un fournisseur alternatif»
Que reprochent-ils exactement à l'opérateur historique ? «Il y a deux gros problèmes, répond Bart Vandesompele, responsable communication de Base. Primo, nous devons toujours passer par le réseau Belgacom pour accéder jusqu'à l'utilisateur final. Nous sommes donc dépendants de leur bon vouloir, ce qui n'est évidemment pas le cas dans la téléphonie mobile, où nous disposons de notre propre réseau. Or, Belgacom a longtemps empêché les opérateurs alternatifs d'accéder aux dernières technologies, d'abord l'ADSL 2+, puis le VDSL, ce qui ne nous a pas permis d'être compétitifs par rapport à eux ou de lancer une offre de télévision par exemple.»
Secundo, «au plan opérationnel, ils jouent l'obstruction pour faire passer un client de Belgacom à un fournisseur alternatif. Et mettent plus de temps pour activer une ligne d'un client d'un opérateur concurrent qu'une ligne d'un client Belgacom. Sans compter qu'ils contestent systématiquement toutes les décisions de l'IBPT, le régulateur du secteur, devant les tribunaux, ce qui rend la concurrence encore plus difficile.»
Selon Base, actif dans la téléphonie fixe et l'Internet via la marque Tele2 (qui sera rebaptisée Base dès le 1er octobre), «le point de départ de cette action a été un événement organisé par la Plate-forme des opérateurs alternatifs en mai 2008, durant lequel Cecilio Madero, un collaborateur de la commissaire européenne à la Concurrence, Neelie Kroes, a lui-même souligné l'existence d'un problème sur le marché de l'Internet en Belgique». Ce qui prouverait, selon l'opérateur, que la Commission s'inquiète elle aussi de la situation peu concurrentielle sur le marché belge, où les tarifs sont d'ailleurs plus élevés que dans les pays voisins.
«Nous voudrions pouvoir lancer des offres groupées ou même la télévision par ADSL car nous sommes des challengers, mais nous ne sommes pas fous !», s'exclame Bart Vandesompele. Selon lui, le cadre régulatoire belge et l'attitude de Belgacom rendent impossible toute concurrence sur le marché de l'Internet et de la téléphonie fixe. Ce qui expliquerait pourquoi Tele2 a tant reculé ces dernières années, alors que presque tous les autres concurrents ont disparu, à l'exception des câblo-opérateurs Telenet et Voo, qui ne sont pas soumis au même cadre régulatoire.
«Voici encore quelques années, plus d'une vingtaine de fournisseurs d'accès Internet alternatifs étaient actifs en Belgique, dit-on chez Base. Ils ont tous disparu, comme dans les Dix petits nègres d'Agatha Christie. Aujourd'hui, le marché se résume grosso modo à un duopole composé de Belgacom et de Telenet. En Wallonie, Belgacom a même quasiment tout le marché pour lui tout seul.»
Pour Belgacom, il n'y a eu «ni exclusion ni discrimination» quant à l'accès des fournisseurs Internet alternatifs aux technologies ADSL 2+ et VDSL 2
Du côté de Belgacom, on réfute évidemment les accusations des deux concurrents et souligne qu'il n'y a eu «ni exclusion ni discrimination» quant à l'accès des fournisseurs Internet alternatifs aux technologies ADSL 2+ et VDSL 2. L'opérateur historique rappelle ainsi qu'il permet aux opérateurs alternatifs de proposer l'ADSL 2+ depuis juillet 2008 et le VDSL 2 depuis novembre 2008. Chez Mobistar, on rétorque que les tarifs de gros demandés par Belgacom pour accéder à ces technologies sont trop élevés pour permettre aux concurrents de lancer des offres compétitives.
Quand peut-on s'attendre à une décision de l'Europe dans ce dossier ? Selon Base, c'est impossible de le prévoir avec certitude, mais ce serait «une question de mois plutôt que d'années». La filiale de KPN se réjouit en tout cas du sérieux avec lequel la Commission traite son dossier, et espère que celle-ci fera de Belgacom un «cas exemplaire».
par : Mathieu Van Overstraeten
Trouvé sur Trends Tendances
Se disant dans l'incapacité de lancer des offres triple play compétitives, Base et Mobistar ont déposé une plainte contre Belgacom auprès des autorités européennes de la concurrence en avril dernier. Selon eux, la Commission prend le dossier très au sérieux, car elle s'inquiète du faible niveau de concurrence sur le marché belge de l'Internet.
Après avoir déjà poursuivi Proximus pour abus de position dominante dans le domaine de la téléphonie mobile, ce qui a notamment débouché voici quelques mois sur une amende historique de 66,3 millions d'euros infligée par le Conseil de la concurrence à la filiale de Belgacom, Base s'est allié à Mobistar pour démarrer une nouvelle bataille juridique contre Belgacom. Dans le domaine de l'Internet, cette fois.
Si les premiers éléments du dossier ont été communiqués par les deux opérateurs à la Commission dès le mois d'octobre 2008, la plainte officielle de Base et Mobistar a été déposée au mois d'avril dernier.
Base : «Belgacom, au plan opérationnel, joue l'obstruction pour faire passer un client de Belgacom à un fournisseur alternatif»
Que reprochent-ils exactement à l'opérateur historique ? «Il y a deux gros problèmes, répond Bart Vandesompele, responsable communication de Base. Primo, nous devons toujours passer par le réseau Belgacom pour accéder jusqu'à l'utilisateur final. Nous sommes donc dépendants de leur bon vouloir, ce qui n'est évidemment pas le cas dans la téléphonie mobile, où nous disposons de notre propre réseau. Or, Belgacom a longtemps empêché les opérateurs alternatifs d'accéder aux dernières technologies, d'abord l'ADSL 2+, puis le VDSL, ce qui ne nous a pas permis d'être compétitifs par rapport à eux ou de lancer une offre de télévision par exemple.»
Secundo, «au plan opérationnel, ils jouent l'obstruction pour faire passer un client de Belgacom à un fournisseur alternatif. Et mettent plus de temps pour activer une ligne d'un client d'un opérateur concurrent qu'une ligne d'un client Belgacom. Sans compter qu'ils contestent systématiquement toutes les décisions de l'IBPT, le régulateur du secteur, devant les tribunaux, ce qui rend la concurrence encore plus difficile.»
Selon Base, actif dans la téléphonie fixe et l'Internet via la marque Tele2 (qui sera rebaptisée Base dès le 1er octobre), «le point de départ de cette action a été un événement organisé par la Plate-forme des opérateurs alternatifs en mai 2008, durant lequel Cecilio Madero, un collaborateur de la commissaire européenne à la Concurrence, Neelie Kroes, a lui-même souligné l'existence d'un problème sur le marché de l'Internet en Belgique». Ce qui prouverait, selon l'opérateur, que la Commission s'inquiète elle aussi de la situation peu concurrentielle sur le marché belge, où les tarifs sont d'ailleurs plus élevés que dans les pays voisins.
«Nous voudrions pouvoir lancer des offres groupées ou même la télévision par ADSL car nous sommes des challengers, mais nous ne sommes pas fous !», s'exclame Bart Vandesompele. Selon lui, le cadre régulatoire belge et l'attitude de Belgacom rendent impossible toute concurrence sur le marché de l'Internet et de la téléphonie fixe. Ce qui expliquerait pourquoi Tele2 a tant reculé ces dernières années, alors que presque tous les autres concurrents ont disparu, à l'exception des câblo-opérateurs Telenet et Voo, qui ne sont pas soumis au même cadre régulatoire.
«Voici encore quelques années, plus d'une vingtaine de fournisseurs d'accès Internet alternatifs étaient actifs en Belgique, dit-on chez Base. Ils ont tous disparu, comme dans les Dix petits nègres d'Agatha Christie. Aujourd'hui, le marché se résume grosso modo à un duopole composé de Belgacom et de Telenet. En Wallonie, Belgacom a même quasiment tout le marché pour lui tout seul.»
Pour Belgacom, il n'y a eu «ni exclusion ni discrimination» quant à l'accès des fournisseurs Internet alternatifs aux technologies ADSL 2+ et VDSL 2
Du côté de Belgacom, on réfute évidemment les accusations des deux concurrents et souligne qu'il n'y a eu «ni exclusion ni discrimination» quant à l'accès des fournisseurs Internet alternatifs aux technologies ADSL 2+ et VDSL 2. L'opérateur historique rappelle ainsi qu'il permet aux opérateurs alternatifs de proposer l'ADSL 2+ depuis juillet 2008 et le VDSL 2 depuis novembre 2008. Chez Mobistar, on rétorque que les tarifs de gros demandés par Belgacom pour accéder à ces technologies sont trop élevés pour permettre aux concurrents de lancer des offres compétitives.
Quand peut-on s'attendre à une décision de l'Europe dans ce dossier ? Selon Base, c'est impossible de le prévoir avec certitude, mais ce serait «une question de mois plutôt que d'années». La filiale de KPN se réjouit en tout cas du sérieux avec lequel la Commission traite son dossier, et espère que celle-ci fera de Belgacom un «cas exemplaire».
par : Mathieu Van Overstraeten
Trouvé sur Trends Tendances
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